Championnat départemental d’orthographe 2014

Cette année vingt-six élèves de 4è et 3è ont participé à ce championnat. La première dictée était extraite d’un roman de Philippe Delerm : La sieste assassinée.

        Huit élèves ont passé la première sélection : Antoine Beignet – Nolwen Domanget-Dubois – Alexandre Larché – Quentin Mathès – Nicolas Nezan – Camille Photopoulos – Alexandre Royer – Chloé Vallon

Pour la deuxième épreuve, ils ont dû jongler avec les accords des participes passés très présents dans le texte extrait de L’Étranger d’Albert Camus.

 Trois élèves ont obtenu des résultats très honorables et ont été sélectionnés pour la finale :  Antoine Beignet – Nicolas Nezan – Chloé Vallon 

 Voici la dictés sur laquelle ils ont planché ! Il s’agissait d’un texte de Frédéric Pommier « La tropolite », extrait de son livre Mots en toc et formules en tic.

Ma grand-mère a toujours été très à cheval sur les bonnes manières. C’est la conséquence d’une stricte éducation, qu’elle s’est employée à transmettre à ses descendants. On ne coupe pas la parole, on ne met pas ses coudes sur la table et on ne dit pas « bonjour » quand on arrive quelque part. C’est irrévérencieux.- « Commet ça ?, s’était étonnée ma cousine un jour que notre aïeule nous livrait ses conseils.- On dit « Bonjour madame » ou bien « Bonjour monsieur ». »Ensuite, elle nous avait emmenés faire les courses à la boulangerie et sa leçon de savoir-vivre s’était transformée en exercice pratique. Devant nous, il y avait une dame et un monsieur. « Bonjour madame, bonjour monsieur », avions-nous braillé de concert, en élèves appliqués, avant de demander une baguette au sésame. Puis, une fois la baguette en main, j’avais lancé à la vendeuse : « merci infiniment ! »

En ressortant, mon ancêtre au très châtié langage semblait ahurie. Elle m’a enguirlandé.- « Mais quel salamalec ! On ne remercie pas infiniment une vendeuse ! Que je sache, cette donzelle ne t’a pas sauvé la vie ! Tu sais, la politesse, ce n’est pas l’obséquiosité, ni la flagornerie… »Pourtant, de nos jours, de nombreuses personnes utilisent cette formule. Les journalistes, notamment, dans chacune de leurs interviews. J’ai évoqué le sujet récemment avec ma grand-mère, et elle aussi a remarqué la progression du phénomène.- « Mais, vois-tu, à la réflexion, je pense qu’il s’agit de l’expression d’une forme de spleen baudelairien… L’adverbe infiniment témoigne surtout, ce me semble, d’une fringale de grands espaces et d’un irrésistible besoin d’évasion… »À ce moment-là, j’ai soudainement ressenti l’envie d’être autre part, puis en enfilant ma doudoune et ma chapka en faux vison, je l’ai remerciée infiniment de m’avoir éclairé sur l’épidémie de tropolite.

Un grand bravo à nos finalistes !

Mme Trassin